Trāṭaka est une technique de concentration oculaire faisant partie des Ṣaṭkarman (six actions). Ces actions ont pour objectif de purifier le corps par l'élimination de l'excès de mucus dans le corps.
Voici ce que nous en dit la Haṭha Yoga Pradīpikā, célèbre traité de yoga :
II.31 : On doit fixer avec les yeux immobiles et l’esprit très concentré un petit objet jusqu’à ce que les larmes coulent: ceci est appelé par les Maîtres trâtaka.
II.32 : Trâtaka libère des maladies oculaires et barre la porte à l’indolence : c’est pour cela qu’il doit être tenu secret avec détermination, comme s’il était un coffret plein d’or.
Dans les Yogasūtra de Patañjali, ce kriyā (action) rentre dans la sphère de dhāraṇā, la concentration et ekagrata la fixation mental sur un point.
Que peut-on en attendre ?
La HYP ne préconise pas l'utilisation d'une bougie mais c'est ce qui est couramment proposé.
Pratiqué régulièrement, trāṭaka va permettre de :
- nettoyer les yeux (surtout si vous travaillez beaucoup sur écrans)
- stimuler les centres cérébraux et nerveux
- renforcer la vue
- stabiliser et apaiser le mental
- améliorer la concentration
- connecter Ājñā chakra, le centre énergétique aussi appelé " troisième œil "
- équilibrer alochaka pitta, notre capacité à "digérer" la lumière au niveau de la vision
- stimuler sādhaka pitta, notre capacité à "digérer" les informations, c'est à dire discerner à travers le cœur et la conscience
Les contre indications concernent les maladies oculaires type glaucome, troubles sévères de la vue et épilepsie.
En cas de doute, demandez à votre ophtalmologue ou votre médecin. Si l'utilisation de la bougie vous est déconseillée, vous pourrez alors utiliser un autre (petit) objet de fixation du mental comme le centre d'une fleur, une tâche, un point…
Comment faire ?
- Placer la bougie à peu près à 1m de votre regard à la hauteur de vos yeux
- Assurez-vous qu'il n'y ait pas de courant d'air, observer une flamme vacillante stimule le mental et la production de pensées automatiques
- Si vous portez des lunettes, il vaudra mieux les retirer
- Dans un premier temps, il s'agit de fixer la flamme du regard pendant environ 1 à 2 minutes
- Essayez de ne pas cligner des yeux ou le moins possible
- Des larmes vont couler et vos yeux se nettoyer
- Tandis que vous fixez la flamme, détendez le regard, comme si vos yeux se reposaient
- Puis abaissez les paupières et pendant 1 à 2 minutes, visualisez ce qu'il reste de la flamme (image rémanente)
Au début, il est possible que les yeux pleurent beaucoup, mais petit à petit, ils s'habituent et sont de moins en moins sensibles. Il est possible également de ne pas savoir où regarder. La flamme, certes, mais le centre ? la périphérie ? les contours ? Le mental, habitué à sautiller, cherche un point précis auquel s'accrocher et butine comme nos pensées d'un objet d'observation à l'autre. Cela aussi s'apaise au fur et à mesure de la pratique.
C'est une pratique très "gratifiante" car on peut vite sentir l'apaisement et la focalisation qu'il procure. La clarté mentale qui s'en suit est très agréable !
NB : Tout ce qui précède est valable si vous ne pouvez pas pour une raison ou une autre utiliser la flamme de la bougie.
Une proposition de guidage à la bougie
Installez-vous face à votre bougie puis dans un premier temps, abaissez les paupières. Laissez ici se stabiliser l'assise, le mental, le souffle.
Portez votre attention sur les yeux, ressentez-les derrière les paupières et détendez profondément le regard. Imaginez que les yeux reculent et viennent se poser contre l'arrière du crâne dans deux petits fauteuils confortables. Respirez là librement et goûtez à la détente.
Puis avant d'ouvrir les paupières, prévenez vos yeux et imaginez-les s'ouvrir pour la première fois. Ensuite seulement, ouvrez-les.
Le regard se porte tout de suite sur la flamme positionnée exactement devant vous à la même hauteur que les yeux. Ne regardez qu'elle, sa base, sa mèche, sa lumière différente dans les contours, dans le centre, juste autour… Scrutez-la mais sans "projeter" le regard devant vous, le regard est précis mais détendu.
Essayez de ne pas cligner des yeux, si des larmes coulent, laissez couler sans essuyer. Restez ainsi environ 18 respirations.
Abaissez ensuite les paupières et reposez le regard. Voyez ce qu'il reste ici de l'image de la flamme. Profitez-en pour installer un souffle plus profond, plus long, idéalement ujjayi, le souffle freiné dans l'arrière-gorge, pour 18 respirations.
Puis réouvrez les paupières et désormais voyez la flamme dans son ensemble (uniquement la flamme, pas la bougie entière).
En inspirant, vous imaginez pouvoir inspirer sa lumière et la diriger vers le point entre les sourcils. En expirant, ressentez tactilement ce point lumineux et la lumière se diffuser à l'intérieur de votre tête.
Poursuivez ainsi sur 18 respirations (continuez de laisser les yeux pleurer en clignant le moins possible).
A nouveau abaissez les paupières sur 18 respirations. Laissez à l'inspiration la lumière de la flamme se manifester au niveau du point inter sourcilier sur votre écran mental. Et sentez cette clarté descendre vers votre cœur en expirant.
Vous ouvrirez les paupières une dernière fois pour 18 respirations. Inspirez désormais la lumière directement par votre point inter sourcilier et lors de l'expiration, elle se déverse dans l'ensemble du corps, descendant le long de la colonne jusqu'à votre base.
En abaissant les paupières, détendez complètement le regard, les yeux déposés dans leurs petits fauteuils. Le souffle est libre. Profitez de votre lumière intérieure, laissez-la gagner les autres plans de votre Être. Restez là autant que vous le désirez, ne comptez plus.
Vous pouvez, avant de terminer votre pratique, frotter fort vos mains pour produire de la chaleur et déposer chaque main en "coque" au dessus de chaque œil sans appuyer. Sentez la chaleur à travers les paupières pour quelques instants, et ouvrez-les en inspirant, comme si vous aviez la faculté de voir pour la première fois.
NB : Si 18 respirations est trop long pour vos premières pratiques, réduisez de moitié sur quelques semaines et augmentez progressivement.
BONNE(S) PRATIQUE(S) !
Écrire commentaire